Collection Privée

de

Katyushka Stanislavovna

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Lorsque je regarde un livre, que je le tiens entre mes mains, je sais si son contenu va me plaire. Avant même de prendre connaissance d’un quelconque résumé, la magie opère. La couverture, ses motifs explicites ou leur absence, la texture du papier, son volume, sa couleur, la police utilisée, sa taille, sont autant d’indications sensorielles quasi inconscientes reçues. Au premier regard, je pressens son histoire profonde, toute l’extrême sensibilité de son créateur, sa volonté à éclairer le lecteur.

J’aime à chiner dans les bacs empoussiérés des vide-greniers où se côtoient livres récents et anciens. De ces ouvrages d’occasion, je ne sais rien. Cependant, je devine les rares, les insolites, ceux tirés à seulement une centaine d’exemplaires, les intemporels dédicacés de la plume de l’auteur. C’est comme s’ils me parlaient. L’énergie contenue au sein de leurs feuillets m’interpelle, m’appelle et me happe. Je les tiens et ne les lâche plus. À ce moment c’en est fini, ils m’ont ferrée !

Ensuite, qu’importe leur valeur marchande, je prends soin d’eux. Je les nettoie, les restaure, leur offre une place de choix dans mon intérieur. Pour les livres anciens, datant du XIXe ou du tout début du XXe siècle, j’étudie leur fabrication (cousu, broché, collé), tente d’identifier le grammage du papier, sa provenance, souvent rare car employée uniquement pour des tirages n’excédant pas les deux cents exemplaires (papier japonais, chinois, hollandais). Enfin, sans même les lire, je me nourris d’eux, de leur présence pour écrire mes propres œuvres, celles qui viendront à leur tour toucher le cœur et l’âme d’autres lecteurs. 

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Katyushka Stanislavovna

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